Publication de l’ouvrage States and the Making of Others (par Jeanne Bouyat, Amandine Le Bellec et Lucas Puygrenier)
Co-dirigé par Jeanne Bouyat, Amandine Le Bellec et Lucas Puygrenier, l’ouvrage States and the Making of Others : Perpectives on Social States Institutions and Othering in Southern Africa and Western Europe est paru récemment chez Palgrave macmillan.
Réunissant les contributions empiriques de jeunes chercheurs et chercheuses, l’ouvrage met en lien des travaux issus de champs de littérature distincts (la gestion des migrations, le racisme et la xénophobie, les droits à procréer, ou encore la fabrique du récit national dans les institutions scolaires) afin de proposer une réflexion commune sur la façon dont les Etats contribuent à la production de figures de l’altérité. Loin d’une approche accidentelle de l’altérisation qui ferait de celle-ci la conséquence d’une action publique dévoyée ou mal-informée, les auteurs-trices proposent de considérer le caractère récurrent de la fabrique des Autres dans l’art de gouverner : ce qu’ils appellent le “state-Others nexus“. En croisant des études depuis des contextes européens et africains, le livre cherche ainsi à renseigner non seulement comment les Etats produisent des figures de l’altérité, mais aussi comment l’altérisation s’avère constituer en retour un ingrédient essentiel à la formation de l’Etat et à la politisation de l’action publique.
Le livre se divise en quatre parties. Une première partie traite de la difficile incorporation de groupes autrefois exclus au sein du récit national. A partir des systèmes éducatifs du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud, elle interroge la persistance de mécanismes d’altérisation au sein de l’Afrique australe postcoloniale et postapartheid auprès notamment des publics étudiants. La deuxième partie du livre explore comment la production des Autres trouve ses racines dans une certaine vision de l’ordre social et dans les tentatives des États de protéger et de promouvoir la moralité et la dignité des « bons » sujets de gouvernement. Elle le fait depuis l’étude de deux institutions fortement régulées par l’État : le travail et la famille, respectivement à Malte et en France. La troisième partie observe les façons dont l’altérisation se manifeste plus particulièrement au sein d’institutions étatiques réputées pour leur rôle « bienveillant » envers des publics dits « vulnérables », par l’étude du système scolaire en Afrique du Sud et du système de santé et de prise en charge des personnes âgées en France. Elle montre comment ces caractéristiques influencent les processus d’altérisation en jouant sur l’accès à des opportunités économiques et des ressources étatiques relativement rares. Enfin, la quatrième et dernière partie analyse comment des mesures conçues pour contrer l’altérisation peuvent participer aux dynamiques qu’elles cherchent pourtant à combattre. En se concentrant sur les politiques de l’asile au niveau de l’Europe et de la France, elle éclaire la façon dont les principes de la protection internationales peuvent dans un contexte de restriction des migrations aboutir à instituer des Autres au statut ambivalent.
Une présentation de l’ouvrage se tiendra au Centre de recherches internationales de Sciences Po le 25 novembre de 11h à 17h, salle Pierre Hassner, 28 rue des Saints-Pères.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Lucas Puygrenier (13 novembre 2024). Publication de l’ouvrage States and the Making of Others (par Jeanne Bouyat, Amandine Le Bellec et Lucas Puygrenier). Imbrications des rapports sociaux. Consulté le 9 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12o1k